Qui était le président Henri Konan Bédié ?

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Henri Konan Bédié, surnommé « HKB », né le 5 mai 1934 à Daoukro et mort le 1er août 2023 à Abidjan, est un homme d’État ivoirien. Il est président de la république de Côte d’Ivoire du 7 décembre 1993 au 24 décembre 1999.

Président de l’Assemblée nationale à partir de 1980, il devient ainsi chef de l’État à la mort de Félix Houphouët-Boigny, « père » de l’indépendance du pays en 1993. Élu deux ans plus tard lors de l’élection présidentielle, il est renversé par un coup d’État mené par le général Robert Guéï en 1999.

Soutenu par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), dont il est président, il est à nouveau candidat à l’élection présidentielle de 2010, où il arrive troisième du premier tour ; il se rallie alors à la candidature d’Alassane Ouattara, qui sort vainqueur de la crise de 2010-2011. Il soutient ce dernier pour un deuxième mandat en 2015.

Il retire son soutien à Alassane Ouattara en 2018 et est investi par son parti au scrutin présidentiel de 2020. Il décide finalement de boycotter l’élection après la décision du président sortant de briguer un troisième mandat, qu’il considère comme illégal.
Après avoir été ambassadeur de la Côte d’Ivoire aux États-Unis (1961-1966)3, il revient au pays où il devient délégué aux Affaires économiques et financières (1966-1968), puis ministre de l’Économie et des Finances (1968-1977) et enfin président de l’Assemblée nationale (1980-1993) sous la présidence de Félix Houphouët-Boigny.

Adoubé par le « Vieux » (le président Félix Houphouët-Boigny)4, il assure l’intérim de la présidence de la République, en tant que président de l’Assemblée nationale lorsque celui-ci meurt.

Décrit par Le Monde comme un « petit homme rond, aux yeux perçants, affichant en permanence un demi-sourire teinté d’ironie »4, il est souvent considéré comme « impénétrable », ce qui lui a sans doute valu son surnom, le « sphinx de Daoukro »4 (du nom de la ville du centre du pays, Daoukro, dont il est originaire).

Le 30 avril 1994, il devient président du PDCI-RDA5.

Henri Konan Bédié ne jouit surtout pas du charisme et de l’aura de son prédécesseur et se retrouve rapidement accusé de répression politique et de corruption. Il utilise aussi l’idée de l’ivoirité, notion selon laquelle une personne ne serait vraiment ivoirienne, et donc pourrait se présenter à l’élection présidentielle, que si son père et sa mère sont d’origine ivoirienne. Ceci permet notamment d’écarter son principal rival, Alassane Ouattara, à l’élection présidentielle ivoirienne de 1995.

En 1995, il est élu avec 96,44 % des suffrages, tous les autres candidats, à l’exception de Francis Wodié (Parti ivoirien des travailleurs), ayant boycotté l’élection à cause de la réforme controversée du code électoral autour de la notion d’ivoirité.

Son mandat est marqué par une crise sociale majeure consécutive aux problèmes économiques que connait le pays depuis le début des années 1980 malgré des plans d’ajustement structurel et des réformes libérales effectuées de 1990 à 1993. Cette crise est amplifiée par les problèmes croissants de mauvaise gestion et de corruption. Si, économiquement, la Côte d’Ivoire montre des signes timides de reprise, les indicateurs de développement restent en berne tandis que la pauvreté, jadis limitée, augmente progressivement. Afin de relancer la croissance économique du pays, Henri Konan Bédié souhaite mettre en œuvre de vastes chantiers d’infrastructures, dont le projet de pont Riviera-Marcory.

En 1998, sur recommandation de la Banque mondiale, le gouvernement liquide l’entreprise nationale Énergie électrique de Côte d’Ivoire et transfert ses actifs à la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE), une entreprise privée6.

Le pays s’enfonce progressivement dans une crise politique à dimension ethnique, liée à l’application de l’ivoirité. La crédibilité du président et de l’ensemble de son administration, déjà perçue comme corrompue7, est mise à mal lorsque éclate en 1999 l’affaire des 18 milliards de l’Union européenne8. Cette aide destinée à être investie dans du matériel médical au profit des hôpitaux ivoiriens a été détournée par différentes personnalités de l’État, dont le ministre de la Santé Maurice Kakou Guikahué9. Le Président et sa femme ont longtemps été suspectés d’avoir également participé ou joué un rôle dans ce détournement massif[réf. nécessaire]10, tandis que le gouvernement a promis de rembourser la somme détournée, correspondant à 38 % du total des fonds offerts8,9. Cette affaire entraîne un remaniement ministériel avec le limogeage des personnes incriminées11, mais aussi le désengagement de nombreux investisseurs et partenaires financiers dont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

Une mutinerie dégénère en un coup d’État militaire le 24 décembre 1999 et le président Bédié doit quitter son palais en catastrophe à bord d’un hélicoptère de l’armée française4Robert Guéï s’installe à la Présidence.

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